Half-Life 3 | Le scénario enfin révélé
Ce 25 août dernier, le scénariste Marc Laidlaw qui a quitté Valve fin 2015 a révélé en ligne le scénario de Half-Life 2 épisode 3 sous la forme d’une lettre de Gordon Freeman adressée à vous les joueurs ! Il ne s’agit pas du troisième opus mais bien de l’épisode 3, désolé pour le faux espoir.
Écrivain et game designer, Laidlaw a travaillé sur Half-Life 1, ses extensions, sur Half-Life 2 mais aussi sur Portal et Left4dead. La lettre sera surement pas utilisé comme scénario si toutefois une suite devrait voir le jour, mais vaut mieux cela qu’une onzième année sans suite !
Voici l’histoire publiée et traduite, bonne lecture !
Half-Life 2 Episode 3
Chers joueurs,
J’espère que cette lettre arrivera jusqu’à vous. J’entends déjà vos reproches, « Gordon Freeman, voila des années que nous attendions de vos nouvelles ! » Bien, si ce sont des excuses que vous souhaitez, j’en ai un paquet, la principale étant que je voyageais à travers d’autres dimensions, et donc bien incapable de vous joindre par les moyens de communication habituels. Du moins, cela était valable jusqu’à il y a de cela 18 mois, lorsque ma situation a changé du tout au tout et que j’ai été téléporté sur ces rives. Pendant ce laps de temps, j’ai eu l’occasion de réfléchir à la meilleure façon de décrire ces années, mes années de silence. Je m’excuse pour l’attente, et cela étant fait, je me hâte de vous expliquer (de façon brève et très peu détaillée) les évènements s’étant produits après ceux décrits dans mon précédent jeu (celui que l’on appelle Épisode 2).
Pour commencer, comme les derniers paragraphes de ma précédente missive le laissaient entendre, la mort d’Eli Vance nous a tous secoués. La Résistance a été traumatisée par ces évènements, incapable d’évaluer l’impact de cette perte sur ses plans, et de savoir s’il était judicieux ou non de poursuivre dans cette voie. Et pourtant, après qu’Eli ait été enterré, nous avons trouvé la force et le courage nécessaire pour nous regrouper. C’est grâce à la volonté inaltérable d’Alyx Vance, sa téméraire et énergique fille, que nous avons continué, comme son père l’avait souhaité. Nous avons obtenu les coordonnées de l’emplacement du luxueux paquebot disparu Borealis, que nous pensions situé en Antarctique, par l’intermédiaire du Dr Judith Mossman, assistante de longue date d’Eli. Eli était persuadé que le Borealis devait être détruit plutôt que de tomber entre les mains du Cartel. Certains membres de l’équipe n’étaient pas d’accord, et pensaient fermement que le navire était la clé du succès de la révolution. Quoi qu’il en soit, les débats allaient bon train jusqu’à ce que nous trouvions le navire. C’est pourquoi Alyx et moi-même avons affrété un hydravion et sommes partis pour l’Antarctique juste après l’éloge funèbre rendu à Eli. Une équipe de soutien beaucoup plus importante, composée principalement de miliciens, devait nous rejoindre plus tard.
Je suis bien incapable de définir avec certitude la chose qui a abattu notre petit avion. Les heures suivantes passées à parcourir ces étendues glaciales dans un épais blizzard sont particulièrement floues et compliquées à me remémorer de façon précise. La chose dont je me souviens clairement, c’est lorsque nous touchions au but en suivant les coordonnées fournies par le Dr Mossman, et que nous nous attendions à tomber sur le Borealis. A la place, nous avons découvert un complexe fortifié, qui présentait toutes les caractéristiques de la sinistre technologie employée par le Cartel. Il était entouré par un vaste terrain glaciaire. Du Borealis lui-même, il n’y avait aucune trace… du moins pas au début. Mais à mesure que nous nous infiltrions à l’intérieur de l’installation du Cartel, nous avons remarqué une aurore australe étrangement cohérente – comme un imposant hologramme quittant notre champ de vision par intermittences. Cet étrange phénomène semblait à première vue causé par un système de lentille mis en place par le Cartel, avant qu’Alex et moi-même ne réalisions que ce que nous voyions n’était autre que le luxueux paquebot Borealis lui-même, qui apparaissait et disparaissait sous les lentilles des appareils du Cartel. Les extraterrestres avaient érigé cette enceinte pour pouvoir étudier le navire chaque fois qu’il se matérialisait. Les coordonnées fournies par le Dr Mossman ne désignaient pas l’endroit où il se trouvait, mais plutôt celui où il était censé arriver. Le paquebot semblait osciller entre notre réalité et une autre dimension, ses apparitions se stabilisaient peu à peu, mais nous n’avions aucune garantie qu’elles le resteraient. Nous avons convenu que nous devions être prêts à embarquer dès qu’il se matérialiserait physiquement.
C’est à ce moment précis que nous avons été brièvement capturés – non pas par le Cartel, comme nous le craignions au début, mais par les sbires de notre ancien ennemi, le complaisant et contradictoire Wallace Breen. Le Dr Breen n’était pas mort comme nous le pensions jusqu’alors. A un moment donné, le Cartel avait sauvegardé une version antérieure de sa conscience, et l’avait réimplantée après sa disparition physique dans une créature ressemblant à une énorme larve. La larve Breen, en dépit d’occuper un poste important dans la hiérarchie du Cartel, semblait nerveuse et surtout effrayée. Wallace n’avait aucune idée des conditions dans lesquelles sa précédente incarnation, le Dr Breen originel, avait trouvé la mort, tout juste savait-il que j’en étais la cause. Pourtant, il a rapidement admis (cet homme ne restait jamais silencieux bien longtemps) qu’il était lui même prisonnier du Cartel. Il détestait sa nouvelle enveloppe corporelle grotesque, et nous supplia de mettre fin à ses jours. Alyx pensait que cet individu ne méritait pas une mort rapide, mais pour ma part, je ressentais un peu de pitié et de compassion à son égard. Loin du regard d’Alyx, j’aurais probablement fait le nécessaire pour abréger les souffrances de la larve.
Non loin de l’endroit où le Dr Breen nous détenait, nous avons trouvé Judith Mossman, séquestrée dans l’une des salles d’interrogatoire du Cartel. Comme vous pouvez l’imaginer, les rapports étaient pour le moins tendus entre Judith et Alyx. Alyx tenait Judith pour responsable de la mort de son père… une sinistre nouvelle que Judith était dévastée d’apprendre. Judith tentait tant bien que mal de convaincre Alyx qu’elle avait été un agent double au service de la Résistance depuis le début, suivant exclusivement les directives d’Eli, même si elle savait que cela impliquait le risque d’être vue par ses pairs – par nous tous – comme une traitresse. J’étais convaincu par ses arguments, Alyx beaucoup moins. Mais d’un point de vue purement pragmatique, nous dépendions du docteur Mossman : en plus des coordonnées du Borealis, elle possédait aussi les clefs de résonance qui nous seraient nécessaires pour ramener le navire sur notre plan d’existence.
Nous avons affronté des soldats du Cartel qui protégeaient un poste de recherche, pendant que le Dr Mossman recherchait les fréquences adéquates pour que le Borealis se matérialise entièrement (et de façon très brève). Durant ce court laps de temps, nous avons sauté à bord du navire, avec un nombre inconnu d’agents du Cartel à nos trousses. Le navire s’est matérialisé un court instant, avant que ses oscillations ne reprennent. Il était trop tard pour que nos troupes de soutien nous rejoignent, et celles-ci se lançaient à l’assaut des forces du Cartel juste au moment où nous ricochions et dérivions une nouvelle fois entre les univers.
Ce qui s’est ensuite produit est encore plus difficile à expliquer. Alyx Vance, le docteur Mossman et moi-même avons cherché à prendre le contrôle du navire – sa source d’énergie, sa salle de contrôle et sa salle des commandes. L’histoire du navire n’était pas un long fleuve tranquille. Des années auparavant, au cours de l’invasion menée par le Cartel, divers membres d’une équipe scientifique, travaillant dans les entrailles d’un navire en cale sèche installé dans l’Aperture Science Enrichment Center près du lac Michigan, avaient assemblé ce qu’ils appelaient un dispositif d’amorçage. Si les choses fonctionnaient comme prévu, il émettrait un champ assez grand pour entourer le navire. Ce champ se déplacerait alors instantanément vers n’importe quelle destination, sans qu’il lui soit nécessaire de couvrir physiquement la distance. Pas besoin de portails dimensionnels d’entrée et de sortie ou de tous autres appareils, ce système était entièrement autonome. Malheureusement, l’appareil n’avait jamais pu être testé. Tandis que l’arrivée du Cartel plongeait la Terre dans la Guerre des Sept Heures, les extraterrestres prenaient le contrôle de nos installations de recherche les plus importantes. L’équipe du Borealis, sans autre volonté que de garder le navire hors de portée du Cartel, a donc agi en désespoir de cause. Elle a décidé d’envoyer le Borealis vers la destination la plus lointaine envisageable : l’Antarctique. Ce que les scientifiques ne savaient pas, c’est que le dispositif d’amorçage voyageait à la fois à travers le temps et l’espace, et ne se limitait pas à un seul endroit ou une seule période. Lors de son activation, le Borealis a étiré l’espace-temps, entre le lac Huron période Guerre des Sept Ans et l’actuel continent Antarctique. Tendu comme un élastique et vibrant à des rares exceptions près, matérialisées par des points fixes semblables aux harmoniques naturelles que l’on trouve sur une corde de guitare. L’une de ces harmoniques constituait l’endroit auquel nous nous sommes arrimés, mais la corde se déplaçait d’avant en arrière, à travers l’espace et le temps, et nous avons été rapidement tiraillés dans toutes les directions.
La notion de temps était confuse. En regardant depuis le pont, nous pouvions voir la cale sèche d’Aperture Science au moment de la téléportation, tout comme les forces du Cartel arrivant depuis les airs, la terre et les flots. Dans le même temps, nous apercevions les terres glacées de l’Antarctique, où nos camarades se battaient pour se frayer un chemin jusqu’à cet inconstant Borealis, et des aperçus d’autres mondes, quelque part dans le futur ou peut être même le passé, s’offraient aussi à nous. Alyx était convaincue que nous observions des aires de rassemblement du Cartel destinées à envahir d’autres mondes semblables au nôtre. Au même moment, nous étions poursuivis et combattions les forces du Cartel à travers les coursives du navire. Nous éprouvions toutes les peines du monde à comprendre ce qui nous arrivait, et à convenir de la marche à suivre. Allions-nous pouvoir modifier la course du Borealis ? Fallait-il le faire s’échouer en Antarctique afin d’offrir la possibilité à nos pairs de l’étudier ? Fallait-il le détruire et nous avec ? Il était impossible d’analyser les choses de façon cohérente, compte tenu des boucles temporelles aussi paradoxales que déconcertantes qui parcouraient le navire comme des bulles. J’avais l’impression de devenir fou, tandis que nous étions confrontés à une myriade de versions de nous-mêmes, dans ce navire mi-vaisseau fantôme mi-palais du rire cauchemardesque.
En fin de compte, il s’agissait uniquement de faire un choix. Judith Mossman, soutenait, à raison, que nous devions sauver le Borealis et le livrer à la Résistance, et que nos camarades les plus qualifiés pourraient l’étudier et exploiter son pouvoir. Mais Alyx ne l’entendait pas de cette oreille et me rappelait qu’elle avait juré à son père de détruire le navire. Elle projetait de provoquer l’auto-destruction du Borealis lorsque celui-ci se retrouverait au cœur du vaisseau-mère du Cartel. Judith et Alyx se disputaient. Judith accablait Alyx et se préparait à couper le dispositif d’amorçage pour que le navire repose à jamais sur les terres gelées. J’ai ensuite entendu un coup de feu, et Judith s’est effondrée. Alyx avait décidé pour nous tous, et c’est son arme qui avait eu le dernier mot. Maintenant que le Dr Mossman était mort, nous nous lancions dans une mission suicide. Alyx et moi-même avons sinistrement armé le Borealis, le transformant en une missile temporel et le dirigeant vers le cœur du centre de commandement du Cartel.
A ce stade, comme vous l’aurez sans aucun doute deviné, une silhouette bien familière est apparue, sous le traits du sournois et sarcastique G-Man. Pour une fois, il ne m’est pas apparu à moi, mais à Alyx Vance. Alyx n’avait pas revu cet énigmatique figure depuis l’enfance, mais elle l’a reconnu instantanément. « Venez avec moi maintenant, nous avons des endroits à visiter et des choses à faire » a déclaré le G-Man, et Alyx a acquiescé. Elle a suivi l’étrange homme vêtu de gris hors du Borealis, hors de notre réalité. Pour moi, il n’avait pas d’issue convenable, tout juste un petit ricanement et un regard en coin. Je me retrouvais seul, voguant en direction du centre de commandement du Cartel sur ce luxueux paquebot truffés d’explosifs. Une immense lumière jaillissait, et la vision cosmique d’une sphère Dyson scintillante s’offrait à moi. L’immensité du pouvoir du Cartel, la futilité de notre lutte, ces pensées ont rapidement envahi mon esprit. J’ai tout vu. J’ai notamment vu que l’explosion du Borealis, notre arme la plus puissante, s’apparenterait à peine au fait de craquer une allumette, et que ce qu’il resterait de moi serait encore plus anecdotique.
Et c’est à ce moment précis, comme vous l’aurez sans doute deviné, que les Vortigaunts ont choisi de m’arracher à cette réalité, comme ils l’avaient déjà fait précédemment, en m’extirpant de cette dimension. A peine ai-je eu le temps de voir le feu d’artifice commencer.
Et nous y voila. Je suis de retour sur cette rive. Ce fut un long chemin à travers les terres que je connaissais autrefois, et il est surprenant de voir à quel point les choses ont changé. Tant de temps a passé, que peu se souviennent de moi, de ce que j’avais pu dire la dernière fois que je m’étais exprimé, ou espérais accomplir. A ce stade, la Résistance aura échoué ou réussi, sans mon aide. Mes anciens amis ont été réduits au silence ou ont abandonné la lutte. Je ne reconnais plus la plupart des membres de l’équipe de recherche, mais je crois que l’esprit de révolte persiste. J’espère que vous connaissez le plan d’action à mettre en œuvre, et c’est ici que je vous laisse. N’attendez pas d’autres correspondances de ma part concernant ces sujets, ceci est ma dernière épître.
Irrémédiablement et infiniment vôtre,
Gordon Freeman, Ph.D.
Source de la traduction IGN FRANCE
Source d’origine NeoGAF
Journaliste gameactuality.com